Parti pris pour la différence
Depuis plus de 35 ans, Charles Castonguay, professeur retraité du Département de mathématiques et de statistique, tente de donner l’heure juste à ses concitoyens sur la situation du français au Québec, en Ontario et ailleurs au Canada. Allergique aux interprétations boiteuses, impatient devant l’optimisme béat et l’inaction, cet habitué des médias et des forums publics ne mâche pas ses mots. De toute évidence, l’avenir du français est un sujet qui le passionne.
Pourtant, le fougueux mathématicien et démographe est d’origine... anglophone.
Qu’est-ce qui peut bien motiver un Anglo-Ontarien à militer avec autant d’ardeur pour la protection de la langue française? « Dans la vie, il y a deux types de gens : ceux qui aiment gagner et aiment que leur équipe gagne, et d’autres qui cherchent à faire avancer l’ensemble de la société, pas juste les gagnants », explique-t-il. Pour illustrer son propos, il évoque Lester B. Pearson et la grande empathie de cet ex-premier ministre pour les Canadiens français, sa recherche d’un équilibre entre les deux peuples fondateurs du Canada. C’est de cet héritage dont Charles Castonguay se réclame.
« Je veux amener non seulement les francophones, mais aussi les anglophones à comprendre les problèmes du français au Canada », précise-t-il en faisant un lien direct entre la protection de la langue et la préservation des acquis des Canadiens français. En effet, sans une masse critique de francophones, comment justifier la protection de leurs droits et avantages?
En fait, à un niveau fondamental, Charles Castonguay se bat pour la diversité.
« Ma mère disait : “Variety is the spice of life”. Ce sont les différences qui rendent la vie intéressante », dit-il. À la lumière de ses explications abondantes et détaillées, la nature humaniste de son combat se précise de plus en plus. Mais le mathématicien en lui continue de s’insurger devant toute tentative de « faire dire n’importe quoi aux chiffres ». D’où ses analyses décapantes du poids démographique des francophones au Québec et ses estimations rigoureuses de la vitalité du français à Ottawa et à Montréal.
Lorsqu’on lui demande quel souvenir il garde de l’Université d’Ottawa, son alma mater, il n’hésite pas : « Ce que je chérissais par-dessous tout, c’était ma classe, mes étudiants. J’étais exigeant, mais j’essayais aussi d’être juste. »
Par Sophie Coupal
Date de publication : Avril 2009