Quand les relations humaines au travail font souffrir !
Sophie travaille comme assistante en profession libérale depuis plus de 30 ans. Son métier elle le connait bien et est devenue un pilier dans cette équipe de 4 personnes. Son métier, elle l’a aimé et elle l’aime encore mais elle sent bien qu’elle ne s’épanouit pas ou plus complètement depuis quelques années déjà.
Sophie m’en parle de plus en plus : sentiment de ne pas être reconnue, sentiment que l’intérêt financier passe avant l’intérêt humain. Elle me donne quelques exemples : pas de formation, non implication dans les nouveaux projets, pas de latitude pour la prise de congés, pas d’entretiens professionnels “qui font perdre du temps”, inégalité de salaire par rapport à ses collègues... Je comprends mieux.
Elle a bien pensé à changer, chercher un autre travail, consciente de sa responsabilité, mais des doutes se sont installés sur ses compétences et sa non valorisation a limité sa confiance en elle. Car oui, elle ne se sent pas reconnue et valorisée même si on lui a déjà mentionné l’importance de son rôle. Alors elle continue à s'investir et trouve d’autres sources de motivation… ailleurs.
Je lui conseille d’en parler, d’exprimer son ressenti mais elle a du mal à trouver les mots justes, à se faire entendre et surtout prendre quelques minutes de son temps à son supérieur hiérarchique.
Elle persiste et essaie pourtant d’en parler, souvent de façon maladroite, elle en convient, mais face à cet appel à l’urgence de se poser et de discuter, toutes ses tentatives seront sans réception.
Et puis Sophie encaisse les petites phrases qui font mal « vous êtes aigrie », « vous ne souriez pas » ou encore « vous êtes fermée », celles qui vous atteignent en tant que personne. Elle a même pensé se mettre en arrêt de travail mais non, elle n’est pas malade, elle a juste besoin d’être entendue et reconnue. Son réconfort : la solidarité de ses collègues.
Ce témoignage me touche et m’interpelle.
J’imagine les questions ou jugements qui pourraient émaner de son responsable. Peut -être bien :
- Je ne sais pas ce qu’elle veut de plus.
- Comment travailler avec quelqu’un qui n’est plus motivé ?
- Les salarié·e·s sont de plus en plus exigeant·e·s.
De mon côté voici les questions que je l’inviterais à se poser :
- Est-ce que mes salarié·e·s se sentent respecté·e·s ?
- Est-ce mes salarié·e·s se sentent reconnu·e·s ? Comment je les implique ?
- Quand ai-je fais un compliment pour la dernière fois ?
- Est-ce que j’accorde du temps pour écouter lors d’entretiens dédiés ?
- Est-ce que j’influence positivement ?
Toutes ces questions, et il y en aurait d’autres, il est bon de se les poser mais surtout prendre le temps d’écouter et se mettre à la place de l’autre sans supposition ou interprétation. Écouter pour connaître les sources de satisfaction et d’insatisfaction. Écouter pour comprendre avant de juger. Écouter pour se comprendre.
Après on agit en conséquence, on reste ensemble ou pas… mais on le fait quand chacun·e a été entendu et non pas dominé, dans le respect de l’humain.
Au-delà de la santé financière de l’entreprise, quelle est la santé des salarié·e·s ? Ce capital si précieux que le capital humain et sans lequel l’entreprise ne serait rien.