Une équipe internationale vient de séquencer le génome de Pisum savitum-alias le petit pois de nos jardins. Une 1ère mondiale qui pourrait encourager
Une équipe internationale vient de séquencer le génome de Pisum savitum - alias le petit pois de nos jardins. Une première mondiale qui pourrait encourager le développement de la culture de légumineuses, promis à un bel avenir.
"On a toujours besoin de petits pois chez soi", affirmait un vieux slogan. Le moine autrichien Gregor Mendel n’aurait probablement pas prétendu le contraire. C’est en étudiant Pisum savitum que le père de la génétique moderne avait déterminé en 1866 les lois de l’hérédité.
Il aura toutefois fallu attendre plus d’un siècle et demi pour que l’ADN du petit pois soit enfin séquencé. Un exploit technique, dont les détails ont été exposés cette semaine dans la revue scientifique Nature Genetics [article en anglais].
C'est en étudiant les caractères de différentes variétés de pois, au milieu du XIXe siècle, que Gregor Mendel a découvert les lois de l'hérédité.
Pourquoi c’était compliqué ?
Ne vous fiez pas à sa petit bouille ronde : si on devait juger la complexité d’une espèce à la taille de son ADN, le petit pois serait plus évolué que nous.
Avec ses 4,5 milliards de bases (contre 3,2 chez l'humain), son génome est extrêmement volumineux. La raison ? La présence d’une multitude de petites séquences répétées, probable héritage de l’intégration de séquences virales en des temps très anciens.
Ces répétitions ont longtemps donné du fil à retordre aux généticiens.
"C’est très compliqué de savoir dans quel sens ces séquences vont, comment les ordonner… C’est ce qui a fait la très grande difficulté de l’assemblage de ce génome. Il a fallu attendre des technologies vraiment récentes", résume Judith Burstin, de l’Inra de Dijon, coordinatrice de l'étude.
Huit équipes internationales ont dû s’associer pour en venir à bout: deux équipes françaises de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) y ont travaillé, ainsi que deux équipes tchèques, deux australiennes, une américaine, une canadienne et un chercheur néo-zélandais.
À quoi ça sert ?
Le décryptage du génome du petit pois va permettre d’obtenir des variétés plus résistantes au froid, au réchauffement climatique, aux insectes ou encore aux maladies. Attention, il ne s’agit pas de fabriquer des OGM, mais d’améliorer naturellement les variétés existantes.
"Ce sont des pratiques ancestrales : croisements et sélections. Mais l’utilisation de marqueurs moléculaires va nous permettre d’aller plus vite et d’être plus efficace. Ça va donner un coup de booster à la recherche", estime la chercheuse.
La connaissance de la totalité du génome pourrait également permettre de mieux comprendre quels gènes interviennent dans le rendement de la plante.
Pourquoi c’est important ?
Le petit pois est une des légumineuses à graines les plus cultivées au monde et en Europe. Mais surtout, Pisum savitum semble promis à un bel avenir. Très riches en protéines, les légumineuses pourraient devenir une alternative à la viande, dont la production est loin d’être neutre pour la planète : l’élevage est responsable de près de 15 % des émissions de gaz à effet de serre. Aux États-Unis, une start-up californienne commercialise déjà des steaks végétaux à base de petits pois.
Cerise sur le gâteau : les plantes légumineuses sont de faibles consommatrices d’engrais, eux aussi générateurs de gaz à effets de serre. "Elles sont capables d’établir une symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote et n’ont pas besoin de beaucoup d’engrais azotés", résume Judith Burstin.