Qu’est-ce qui unit le Canada dans un monde divisé ?

Qu’est-ce qui unit le Canada dans un monde divisé ?

Notre monde est de plus en plus polarisé.

Les luttes commerciales entre les géants économiques, les promesses des leaders d’extrême droite de « changer le cours de l’Histoire » et les mouvements nationaliste et protectionniste qui divisent régions et familles en témoignent.

Les institutions et les codes qui assuraient l’ordre politique et économique depuis des années s’effritent. Dans ce contexte, il est extrêmement difficile d’établir une coopération internationale pour lutter contre les grandes menaces de notre époque, comme les changements climatiques.

L’unité actuelle du Canada va à contre-courant.

Notre nation est celle de l’ouverture des esprits, des bras et des cœurs.

J’ai passé une semaine en Colombie-Britannique pour rencontrer des clients, des gens d’affaires, des éducateurs et des étudiants, et j’ai pu constater par moi-même à quel point cette province incarne la quintessence des valeurs canadiennes.

Les atouts de la Colombie-Britannique me surprennent toujours. Il s’agit de la province canadienne la plus diversifiée sur le plan ethnique. Véritable aimant pour les migrants interprovinciaux, elle a attiré plus de Canadiens ces dernières années que n’importe quelle autre province.

Cette tendance s’est d’ailleurs fait ressentir dans la croissance de l’économie canadienne. Depuis 2015, c’est en Colombie-Britannique que sont créés près du quart des nouveaux emplois au pays.

Dans notre monde polarisé, nous pourrions penser que le Canada – qui dépend du commerce et d’un flux constant de nouveaux arrivants pour soutenir la qualité de vie de ses habitants – est à l’abri des forces de division qui font actuellement rage dans d’autres pays.

Cependant, nous devons regarder les choses en face.

Une partie non négligeable du succès du Canada – et de sa cohésion sociale – repose sur sa prospérité économique, pour laquelle des tendances inquiétantes se dessinent.

Les investissements d’intérêts étrangers au Canada ont ralenti, nos exportations de biens non énergétiques stagnent depuis des années et notre taux de productivité a chuté de près de 50 % au cours des 20 dernières années.

Si nous ne travaillons pas ensemble dans un objectif commun, nous deviendrons un terreau fertile pour les forces de division.

Qu’est-ce qui permettra au Canada de rester uni dans un monde divisé ?

La réponse à cette question réside dans la recherche de notre propre démarche pour assurer notre prospérité à long terme et exploiter les forces qui nous caractérisent.

Ces forces sont nombreuses. Voici celles sur lesquelles nous pourrions miser ensemble :

L’abondance de nos ressources naturelles

Quel autre pays peut se vanter de regorger tout à la fois de ressources forestières, minières, hydroélectriques, pétrolières et gazières, et de charbon ?

Nos ressources naturelles ont bâti un patrimoine économique énorme pour le pays, tout en favorisant le développement de la production d’énergies les plus propres au monde.

Le secteur énergétique représente 10 % de notre PIB. Au cours des cinq dernières années seulement, il a généré 90 milliards de dollars de revenus pour le gouvernement, ce qui couvre environ 10 % des dépenses en santé du Canada pour la même période.

Toutefois, sans une approche équilibrée pour l’exploitation future de nos énergies, tout cela est compromis.

Notre monde énergivore n’attendra pas le Canada, et nous ne pouvons plus continuer à nous mettre des bâtons dans les roues.

Nous devons nous doter de réglementations plus sensées, d’une approche pragmatique en matière de fiscalité, de mesures ciblées de réinvestissement dans les technologies de production d’énergie propre et d’infrastructures supplémentaires afin d’accéder aux marchés mondiaux. En mettant en place une approche ambitieuse, le Canada pourrait générer plus d’énergie, réduire ses émissions de gaz à effet de serre et augmenter son PIB de plus de 1,1 % – soit l’équivalent d’un autre secteur automobile.

L’éclosion de notre économie numérique

Le Canada s’enrichit grâce à ses ressources naturelles – et continuera de le faire –, mais il doit aussi exploiter la puissance des données afin d’être en mesure de tirer son épingle du jeu dans l’économie intelligente à venir.

Les données perturbent ou définissent les possibilités économiques de pratiquement tous les secteurs d’activité.

Heureusement, le Canada accueille un bassin de talents remarquables, des institutions réputées et un écosystème prometteur dans le domaine de l’innovation.

Pendant mon séjour à Vancouver, la semaine dernière, j’ai rencontré notre équipe de Borealis AI, qui aide RBC à mettre en œuvre sa stratégie d’innovation par l’étude et la mise en application de l’apprentissage machine.

Son tout nouveau laboratoire compte une vingtaine de chercheurs. Il fait partie d’un écosystème émergent dans le domaine de l’intelligence artificielle, à Vancouver, comprenant 130 entreprises en démarrage, plusieurs groupes d’investisseurs, des incubateurs et des établissements d’enseignement de l’informatique de renommée mondiale.

La ville de Vancouver possède là une chance inouïe de s’imposer comme carrefour mondial de l’innovation dans le domaine des données, mais elle n’est pas la seule.

Partout au Canada, on crée des carrefours d’innovation prometteurs : de celui des technologies numériques à Vancouver jusqu’à celui, mondial, de l’économie océanique dans les provinces de l’Atlantique.

Les parties prenantes canadiennes sont appelées à créer un environnement collaboratif propice à l’innovation tout en étant respectueuses de la protection des renseignements personnels des consommateurs.

Des talents concurrentiels à l’échelle internationale

Peu importe la tournure des événements, notre réussite repose sur l’ingéniosité de notre jeunesse et sur sa préparation en vue d’un avenir qui ne ressemblera à rien de ce que nous avons connu.

La semaine dernière, j’ai eu le privilège de visiter le Langara College à Vancouver pour prendre la parole devant un groupe d’étudiants très motivés qui possèdent toute l’ambition et tout le talent nécessaires pour conférer au Canada un énorme avantage concurrentiel dans l’économie de demain.

Bien que notre pays affiche l’un des meilleurs taux de scolarisation au monde, nombre de sociétés technologiques canadiennes affirment que le bassin de talents auquel elles ont accès est insuffisant.

En Colombie-Britannique, plus de 60 % des sociétés technologiques qualifient de « très difficile » le recrutement de talents de niveau intermédiaire ou supérieur.

Nous offrons aux jeunes Canadiens une bonne éducation, mais elle n’est pas toujours adaptée aux emplois de demain.

Pour combler les lacunes, nous devons faciliter le passage des salles de classe au marché du travail.

Les programmes d’apprentissage intégré au travail permettent aux étudiants de se bâtir des réseaux et d’apprendre de leurs expériences dans des cadres d’acquisition et de mise en pratique de leurs connaissances. De leur côté, les employeurs ont accès à de jeunes talents pour les aider à relever des défis concrets.

Tous les employeurs devraient d’ailleurs considérer l’apprentissage intégré au travail comme un investissement contribuant à garantir leur avenir dans l’économie de demain, qui sera fondée sur les aptitudes, et dans l’économie canadienne de surcroît. Les éducateurs peuvent aussi participer en offrant davantage de possibilités d’apprentissage intégré au travail et en veillant à ce que la valeur des affectations connexes soit mesurée au même titre que tout autre volet d’un programme d’études.

Afin de réaliser le plein potentiel de ces trois forces, le Canada doit continuer à chercher des moyens de rassembler ses différentes parties prenantes.

Nous avons tout ce qu’il faut pour prendre notre place sur l’échiquier international : les ressources naturelles, les ressources humaines, la culture et la collectivité, les idées et l’énergie.

C’est le moment de montrer à notre monde divisé comment un Canada uni peut prospérer. Nous devons faire croître notre nation de manière à ce que nos divergences, plutôt que de nous nuire, nous rapprochent.

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