Aux IA les corvées, aux humains les pensées
Chère lectrice, cher lecteur,
Quel est l’impact réel de l'intelligence artificielle sur le travail ? Difficile de le dire de manière péremptoire. Les chiffres existent, mais restent abstraits et difficiles à interpréter précisément. Derrière les statistiques se cache une réalité plus complexe et humaine. Cette cliente, submergée par les corrections imposées par l'IA, résume bien ce paradoxe : l'automatisation censée libérer l'humain se transforme souvent en charge insurmontable et angoissante, voire annonciatrice d’une future poussée vers la sortie par manque de productivité. Après tout, ChatGPT ne dit jamais non, « lui ». Et si l'avenir du travail était aux métiers manuels ?
Bonne lecture et à bientôt
En bref pour les lecteurs pressés
Une vigilance critique s'impose face aux prédictions simplistes sur l’emploi et l'IA.
Récit non statistique d’une panique bien réelle 😱
La semaine dernière, je rendais visite à une cliente et nous parlions d’intelligence artificielle, bien entendu. Il est difficile d’évaluer son impact sur l’emploi avec une vue d’hélicoptère. Nous nous y sommes essayés et le résultat n’était pas concluant, du fait de rapports aussi péremptoires que vagues. On compile des codes NAF (ou équivalent à l’étranger), mais cela reste abstrait. De même, près de 40 ans après l’invention du Web, il est encore compliqué d’en mesurer l’impact économique. En effet, l’INSEE, malgré ses données précises, ne distingue toujours pas les métiers du digital de ceux de l’informatique (notamment les développeurs) et des télécoms. Avec l’IA, c’est encore plus flou.
Une recherche avec ChatGPT, de plus en plus performant, vous le démontrera (malgré l’imprécision des liens) :
« Malheureusement, les informations disponibles ne fournissent pas de chiffres détaillés actualisés pour chaque catégorie spécifique de métiers du numérique. […] En 2023, 4,6 % des personnes en emploi exercent une profession numérique en France […] Toutefois, ces sources ne détaillent pas la répartition précise des métiers du numérique […] ». Source : INSEE
L’approche quantitative montre ses limites : elle ne permet pas d’identifier certains métiers intellectuels, surtout quand ils échappent aux catégories statistiques. Échanger avec une cliente offre une vision plus humaine, même si elle ne repose pas sur des données mesurables. Voici ce qu’elle me confiait : « On nous encourage [traduction : on nous force] à utiliser l’IA, les demandes affluent, et je suis noyée sous le travail. » Son désarroi était palpable, je sentais la peur monter.
Beaucoup de patrons croient qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour que tout se fasse tout seul. En réalité, c’est souvent l’humain qui doit corriger ce que la machine a produit. C’est une mauvaise nouvelle, bien plus inquiétante que les licenciements liés à l’IA, encore anecdotiques. Ce phénomène touche à l’essence même du travail : nous devenons les ouvriers spécialisés du XXIe siècle.
Non parce que la machine est intelligente, mais parce que nous restons trop souvent aveuglés par nos propres limites. La Bêtise Naturelle (BN) semble plus répandue que l’intelligence artificielle. C’était le thème d’une conférence que j’ai donnée à Lille la semaine dernière : « Aux humains, les pensées ; aux IA, les corvées. » Je suis peut-être naïf. Un ami blogueur a commenté sur LinkedIn, de manière assez désobligeante, que l’inverse risquait de se produire.
Pourtant, l’automatisation totale est encore une illusion. L’informatique dite « agentive » (ou « agentic software » en anglais), encore un concept flou, pourrait changer cela dans le futur. Cela mérite d’être analysé en profondeur dans les semaines à venir. Mais pour l’instant, les miracles ne sont pas au rendez-vous et l’automatisation de tâches discontinues reste un mirage.
Si la situation évolue, il faudra s’interroger sur le rôle de l’humain et l’avenir du travail. Devrons-nous nous reconvertir dans la plomberie ou la réparation de vélos ? Et si l’IA annonçait une revalorisation du travail manuel ? Ce ne serait peut-être pas une mauvaise nouvelle. Et au moins une reconversion me permettrait de réparer mon Brompton à moindre coût.
Recommandé par LinkedIn
PS Au cas où vous vous le demanderiez, cette anecdote ne peut pas être mise sur le compte de la supposée résistance congénitale au changement de nos concitoyens.
Les humains devenus esclaves de leurs machines
Et voici le billet où je décrivais le syndrome de l’IA devenue maître des hommes dont la seule intelligence consistera bientôt à corriger la machine. Quand celle-ci sera améliorée, alors il n’y aura plus qu’à demander à l’humain d’aller à la pêche. Au-moins, dans ce cas, la question de l'équilibre travail/loisir aura été réglée.
La réalité de la semaine dernière a dépassé la fiction avec ce journal italien, Il Foglio, entièrement rédigé par l’IA. L’honneur est sauf, des journalistes ont contrôlé le résultat. Question : pour encore combien de temps ? Et pour quelle valeur ajoutée ? Même l’ironie est l’œuvre de l’IA.
Licenciements dus à l’IA : une réalité statistique encore floue
lire IA et emploi
En 2024 nous nous sommes posé la question de connaître l’impact de l’IA et de L’IA générative en particulier sur l’emploi, notamment en France. Un rapport de la commission de l’intelligence artificielle remis au gouvernement le 14 mars 2024 analysé en détail par Alain Goudey sur son blog permettait de donner un début de réponse.
Cet impact serait de 5 % (un chiffre précis) ce qui paraît contre-intuitif par rapport à la « révolution » de l’IA générative que tous les gourous annoncent depuis un an. Ce chiffre est cité au sein d’une partie du rapport, assez nuancée. Il est encore trop tôt pour vérifier ce chiffre. En attendant l’analyse d’autres études sur le sujet, revenons sur ces prédictions d’il y a un an, à la lumière de ce qui précède.
La minute photographique : le monde des affaires et sa façade
Finissons comme à notre habitude sur une note optimiste et poétique avec cet article sur cette image qui révèle la vérité cachée du monde des affaires. Une image simple mais éloquente et qui vaut mille mots.
La façade du monde des affaires ressemble aux rangées infinies de panneaux de verre que j'ai capturées ce soir clair et lumineux. À première vue, structurées, géométriquement parfaites, impeccablement ordonnées—une séquence ininterrompue de motifs répétés...
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui et à la semaine prochaine, sans interruption cette fois.
J’aide les marques à raconter leur histoire grâce au narrativisme boosté à l'IA contrôlée/ Designer Narratif / Brand Narrativism / Design de projets / Schizopreneur / Investisseur
2 sem.Je serais davantage radical pour le coup, il va nous falloir choisir : maître ou esclave ? https://www.bechler.me/2025/04/01/maitre-ou-esclave-des-ia-choisi-ton-camp-camarade/
En pré-retraite, sur LinkedIn depuis 2003 || Précédemment Senior Director, Product Communications | SAP Build / SAP BTP || Compte personnel reflétant mes propres idées et opinions.
2 sem.Au fait, c'est ChatGPT qui a écrit "les corvés" à la place de "les corvées" dans le titre ?
Consultant et formateur. J'accompagne votre organisation dans la mise en place de son dispositif de veille et je forme vos équipes.
2 sem.🐟🐟🐟
Je vous aide à mettre en force votre leadership. Je conseille et accompagne des leaders ,dirigeants, entrepreneurs dans leur stratégie de développement et à piloter leur énergie quotidienne pour la réussir.
2 sem.Je ne saurais donner une statistique . Ce que j’observe et peux témoigner . L’IA contribue à l’accélération (dans la continuité de la digitalisation de la vente des services) du marché des entrepreneurs Indépendants. Beaucoup ont compris que l’employabilite n’est plus Synonime de salariat. Pour gagner sa vie, diversifier les activités Pour être plus heureux, tenter sa chance en se reconvertissant comme indépendant. l’IA en utilisant les méthodes de base du prompting (un gros marche de formation et d’apprentissage ! ) ouvre un champ de possibles à ceux qui doutaient sur leurs capacités à écrire, Faire une vidéo, à produire de l’image . Nombreux sont ceux qui n’utilisent pas leur visage. Sans parler du gain de temps généré qui réduit la charge de travail en production de sa communication digitale, ce qui n’exclut pas la compétence de savoir s’organiser Pour réussir, les règles restent les mêmes, connaitre son objectif, avoir une offre, travailler dans la régularité et expérimenter pour savoir ce qui marche dans cette jungle qu’est le marché « virtuel » ( pour caricaturer, des clients captés à distance suite à un post) qui vit en parallèle du marché « réel » (pour caricaturer , des clients captés en face à face)
En pré-retraite, sur LinkedIn depuis 2003 || Précédemment Senior Director, Product Communications | SAP Build / SAP BTP || Compte personnel reflétant mes propres idées et opinions.
2 sem.L'IA rend les humains plus humains en les libérant de toutes les tâches bêtes et répétitives qui les encombrent.