Christopher Fennell

De quelle façon la perception élémentaire d'une langue influence-t-elle la capacité d’apprentissage linguistique d’un bébé?  

L'univers fascinant des bébés bilingues

L'idée d'un bébé bilingue peut sembler étrange à certaines personnes, mais certainement pas à Christopher Fennell, professeur à l'École de psychologie de l'Université d'Ottawa. Fennell est l'un des rares chercheurs au monde à étudier le développement du langage chez les bébés bilingues. En fait, il n'existe que trois autres laboratoires semblables au sien dans le monde, et il est affilié à chacun d'entre eux.

Les premières recherches du professeur Fennell entreprises à l'Université de Colombie-Britannique portaient sur les bases de la perception du langage, ce qui l'a amené à s'intéresser à des questions plus pointues, comme : « De quelle façon la perception élémentaire d'une langue influence-t-elle la capacité d'apprentissage linguistique d'un bébé? »

Des chercheurs ont montré que les enfants élevés en milieu unilingue apprenaient à différencier des mots phonétiquement semblables dès l'âge de 17 mois. Chez les enfants de milieux bilingues, a constaté le professeur Fennell, cette étape commence autour de 20 mois. « C'est la période de développement du langage la plus fascinante, explique-t-il. En deux ans, les bébés passent d'un vocabulaire nul à un bagage de nombreux mots. C'est en quelque sorte l'explosion linguistique initiale. »

Selon le professeur Fennell, cette différence ne correspond pas à un « retard » chez les enfants élevés en milieu bilingue. Elle est plutôt le fruit d'une stratégie d'adaptation qu'adoptent ces enfants parce qu'ils évoluent dans un contexte linguistique complexe. Cette stratégie les amène à fermer les yeux, inconsciemment, sur certains des messages qu'ils reçoivent. De cette façon, ils peuvent se concentrer sur la connexion entre les mots et les objets.

« C'est une façon de s'adapter. Ces bébés ne sont pas pressés de tout comprendre, explique Christopher Fennell, car les mots dont ils ont besoin ne se ressemblent pas du tout. C'est pourquoi nous ne considérons pas qu'ils accusent un retard dans l'apprentissage général de langue. En fait, lorsqu'on tient compte des deux langues, leur vocabulaire est plus important que celui des bébés élevés en milieu unilingue. »

Cette recherche est particulièrement pertinente au Canada, où de nombreux enfants sont élevés dans les deux langues officielles du pays. Et l'Université d'Ottawa, baignant dans l'environnement bilingue de la capitale nationale, est l'emplacement idéal pour un laboratoire comme celui du professeur Fennell.

Par François Rochon

Date de publication : octobre 2009

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Dernières modifications : 2012.02.06
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