Jessica McLean, Turkey
November 22, 2011 | esapi-gspiaMerhaba arkadaşlar!
Je me suis interdit de manger un autre morceau de baklava. Mon dentiste ne sera certainement pas très content mais je ne peux m’empêcher, les desserts turcs sont si délicieux!
L’équipe de l’ambassade est fantastique! Les Canadiens comme les Turcs m’ont adopté comme la leurs. Les Canadiens me font boire et les Turcs me font manger. Par contre, il n’y a personne pour me faire faire de l’exercice…hmm! Dans une seule journée, je vogue entre le français avec mes collègues, l’anglais avec mon patron, le turc au téléphone et l’espagnol avec la réceptionniste. Ma tête n’arrive plus à fonctionner vers la fin de la journée et à 18h00 quand je ferme la porte de mon bureau, je crois que je parle une langue que seule moi j’arrive à comprendre. Est-ce l’expérience de tous diplomates canadiens? Le travail est très stimulant. Je participe à de nombreuses conférences et galas internationales (Le meilleur party jusqu’à présent a été l`Octoberfest à l’ambassade allemande. Mais quelle joie de vivre!)
Les révoltes arabes ajoutent beaucoup de piquant à ma journée. Étant donné la centralité du pays, soit une qui unie l’Europe à l’Asie et au Moyen-Orient, la Turquie a une importance géopolitique inestimable. À tous les jours, sans faute, je me retrouve à reporter à Ottawa la réaction turque suite aux gestes et aux mots scandalisant des leaders arabes.
Malheureusement, il y a eu beaucoup d’activité terroriste depuis que je suis arrivée. Les rebelles kurdes (le PKK) au sud-est ont fait plusieurs victimes et ont fait exploser une bombe dans la rue à Ankara, à dix minutes de chez moi. Mes pauvres parents menaçaient de m’acheter un billet de retour le soir-même, mais j’ai réussi à les calmer.
Malgré le PKK, je me suis aventurée à l’est du pays, une région à majorité kurde sur les frontières de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie et ce fut un des meilleurs voyages de ma vie…malgré le fait que j’ai passé les 2 prochaines semaines à souffrir de la dysenterie amibienne. (J’évite de vous faire le portrait et je vous invite plutôt à faire une recherche Google haha) Petit conseil les amis : Ne mangez pas de salade à Van! Deux semaines après mon voyage à Van, un tremblement de terre, mesurant 7.2 sur l’échelle Richter, a secoué une région qui connaît déjà trop de misère. L’hôtel dans lequel j’ai resté s’est complètement effondré. Les édifices se sont écroulés comme des châteaux de cartes, révélant le niveau élevé de corruption qui existe toujours dans le secteur de construction, soit une des plus grandes sources de croissance économique au pays. Il y a eu deux autres tremblements depuis. Ils comptent 640 de morts et il y a des milliers sans abris. Il fait très froid maintenant. S’il vous plaît, aillez une pensée pour eux. J’ai passé plusieurs jours à reporter les détails du désastre à Ottawa. Suite aux attentats terroristes et à trois séismes, l’ambassade, avec le restant du pays, était en deuil. Mais le pays est résilient et certains osent dire que cette tragédie, qui a affecté en grande majorité la population kurde, a su rapprocher les Turcs et les Kurdes et a su unir le pays en fraternité…si seulement pour quelques semaines.
Mais quel bijou la Turquie! C’est un pays qui est pris entre la gloire de l’ancien empire ottoman et la promesse de la modernité européenne. La Turquie se voit négocier à la fois la tradition et la religion et à la fois la modernité et le développement (parfois trop rapide). À la gauche, il y a des femmes complètement voilées en noir qui prient à la mosquée et à la droite, des jeunes filles qui sortent du secondaire portant des jupes beaucoup trop courtes. Au nord, les hommes en complet se promènent en Mercedes et au sud, un père et son fils trient les vidanges pour vendre les matières recyclables. Mais les deux se retrouvent au même plan social lorsque le thé est servi autour d’un bon jeu de Tavla (Backgammon). La pays vibre de musique orientale et de l’Azan, le chant hantant qui se fait entendre cinq fois par jour en arabe du sommet des minarets, sans pour autant oublier Britney Spears qui résonne des automobiles au centre-ville et parfois même l’héro de notre peuple (Céline Dion) se fait entendre au bar juste à côté de chez moi. La circulation d’automobiles est débile et le comportement des chauffeurs sur la route, encore plus. On doit s’assumer ici pour traverser la rue. C’est lorsqu’on hésite qu’on se fait lutter. Voilà une autre petite leçon que l’on apprend seulement après l’avoir vécue…Ouch!