Le logement, c'est maintenant !

Entre la confirmation de Christophe Béchu et de ses prérogatives en matière de logement, l’adoption d’une proposition de résolution visant à accentuer l’effort envers l’accès au logement, l’examen d’un projet de loi contre l’habitat indigne et l’adoption en commission des Affaires économiques d’une proposition de loi pour faciliter la transformation de bureaux en logements, la semaine fut riche sur le plan législatif. De quoi se réjouir un peu de si bons sentiments ?  

Pas sûr, alors que 2023 a vu tout l’écosystème de l’habitat européen dévisser (et pas si soudainement que ça…), que 2024 commémore l’appel de l’Abbé Pierre de novembre 54 malgré 17% de mal-logés (quatre personnes sont déjà mortes de froid dans la rue en 2024). On ne s’étonnait plus que lors de sa conférence de presse du 16 janvier dernier, le Président Macron oublia un peu cette dimension pourtant capitale de l’Habiter. 

Comme réponse à l’infernal désalignement des planètes qui touche locataires et propriétaires, des propositions encore un peu légères qui n'augmenteront que peu les maigres items contenus dans la loi de finance 2024 (PLF24) : prendre des initiatives fiscales, encourager la location longue durée, l’encouragement à la construction de logements neufs alors que le nombre de logements en PC s’est effondré de 25,5% en 2023 (source :  ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires le 29 décembre 2023), facilitation de la transformation d’actifs en logements, lutte contre les passoires thermiques… 

Au demeurant, les innovations, les vraies, pas celles dont on se gargarise depuis 10 ans à coup de pâquerettes dans les jardinières comme végétalisation urbaine, naissent des crises. Ces dernières étant suivies d’accalmies, voire d’euphories, c’est cyclique ! A nous architectes aussi de se proposer et d’expérimenter. 

Que la fête au toujours plus cher pour du toujours moins bien construit par des opérateurs économiques (rien que le nom en dit long) soit finie n’est peut-être pas tant une tragédie. 

Si le retournement économique permettait aux bailleurs de retrouver un peu de leur raison d’être vendue au plus offrant par les villes en redevenant maître d’ouvrage de leurs propres opérations… Si la fiscalité encourageait davantage l’habiter à la possession de l’habitat en sortant les résidences principales de l’appellation produit financier afin de retrouver de l’égalité d’accès au logement… Bref si l’Etat se réengageait un peu au profit des citoyens et non plus au seul profit des majors et des grands propriétaires ? Et pour cela, nommer un ministre dédié et efficace n’aurait pas été un luxe superfétatoire. 

Au milieu de ce modèle économique profondément indigne, les architectes ont été bien trop souvent les grands absents, des débats politiques et sociaux, mais aussi des think tanks prospectifs. 

L’architecture est, à défaut d’un sport, un combat moral et d’actions. Pour paraphraser Emmanuel Caille et son plus que pertinent édito du mois de janvier, pour susciter des axes d’améliorations et redonner confiance dans le modèle, aux architectes de se rendre, surtout, de nouveau indispensables. 

Il en va aussi de notre outil de travail et de notre raison d’être, sociale, que d’imaginer les logements et l’habiter de 2024, et des cinquante ans à venir. Compacts mais ouverts, agréables même avec quelques m² de moins, lieux hybrides, durables, enviables ET abordables pour tous et chacun quel que soit son lieu de vie. Et puisque tout est corrélation, profiter des grandes mutations qui agitent le monde tertiaire pour adapter, transformer, rehausser et créer de nouvelles formes d’habiter. 

Chez Atelier M3 , parce qu’on y croit, nous en serons moteurs !

Yoram Perez , Hervé PAILLARD , Jean-Baptiste Cahuzac , Zina Fradj , Paul Pelletier , Guillaume Ribay , Nesma DRAOUI , Chirine KAHI , LEA MULLER , Ville de Taverny

Photo : Epaillard Machado

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