Post de Normandoise

Comme vous avez raison, Jean-Marc Jancovici, de détailler, scientifiquement et judicieusement comme toujours, que l’essentiel de la question n’est pas le prix du BIO mais les choix de consommation, qui n'en sont d’ailleurs pas vraiment tant ils sont orientés par les publicités de masse… => Comment faire reconnaître alors, sans aide publicitaire, qu’avec le bio « on en mange pour son argent », c’est-à-dire que le rapport valeur nutritionnelle / prix est en réalité très favorable au bio (pas de gras, moins de sucre, moins de sel, pas d’exhausteurs et d’additifs chimiques) ? => Comment faire admettre, sous une telle pression contraire, que consommer des produits très transformés low-cost est mauvais pour la santé et pour l’environnement ? Peut-être faut-il que les pouvoirs publics intègrent le gain social et sociétal (santé et environnement) en baissant la TVA sur le bio par exemple ? Agence BIO Laure Verdeau

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Jean-Marc Jancovici Jean-Marc Jancovici est un Influencer

Associé Carbone 4 - Président The Shift Project

2025 verra-t-il un "redémarrage" des produits bio ? Telle est la question sur laquelle disserte cet article des Echos, qui indique que, en 2024, les distributeurs spécialisés ont vu leurs ventes repartir à la hausse : https://t.ly/Ajl35 Le bio, c'est cher ! Et donc il est normal que les ventes baissent quand les temps sont durs. Mais peut-on tenter quelques petites mises en perspective ? En 2024, selon Les Echos, les Françaises et les Français ont dépensé 12 milliards d'euros dans des produits bio. En 2023, la dépense alimentaire des ménages (incluant les boissons non alcoolisées) représentait 184 milliards d'euros (https://t.ly/4OpPQ ). Le bio c'est donc moins de 10% de ce sous-ensemble : ce n'est pas beaucoup. Si l'on regarde un peu plus en détail cette dépense alimentaire, les seules boissons non alcoolisées (donc en clair l'eau en bouteilles et les sodas) représentaient 15 milliards d'euros. Même s'il y a un peu de recouvrement (il existe des sirops bio), rien que le "basculement" de ce poste, pas vraiment indispensable sur le plan nutritif, permettrait de doubler le marché du bio ! Mieux encore, les ménages ont dépensé 51 milliards d'euros en "boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants", dont 24 milliards d'euros de tabac, alors que les légumes c'est seulement 20 milliards (l'INSEE ne précise pas le budget fruits, mais il doit être encore inférieur). Nous payons plus cher pour nous abîmer la santé que pour la préserver. Et accessoirement le carburant ne nous coute pas plus cher que l'ensemble tabac+alcool... ou que ce que nous dépensons dans les télés, ordinateurs, smartphones, et abonnements numériques divers (aussi de l'ordre de 50 milliards par an). Tout cela pour dire que, au vu de ce que nous dépensons dans beaucoup de postes de "confort", pour une bonne partie des ménages c'est largement une question d'arbitrage personnel - donc de choix - que d'acheter bio ou pas. Il y a un autre poste qui est très significatif dans nos dépenses : les restaurants, auxquels nous laissons 100 milliards d'euros par an. Lorsque nous allons manger dehors, le prix des produits alimentaires n'est pas, loin s'en faut, ce qui compte le plus dans l'addition : si l'on prend leur prix en sortie d'exploitation agricole, cela représentera moins - voire beaucoup moins - de 10% l'essentiel du temps. D'où l'idée, qui fait sens, de promouvoir le bio dans la restauration, y compris collective : cela ne conduirait pas nécessairement à une explosion du prix payé par repas. Une autre mise en perspective est possible : le supplément de cout du bio comparé aux économies pour la collectivité liées à la préservation de l'environnement. Mais cela renvoie au casse-tête de la valorisation de la nature. Il vaut mieux se contenter de constater que, "cher", ça se discute, quand on voit ce que nous dépensons ici et là !

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