L'édito de la semaine par Lucie CARPENTIER : Il y a des sujets qui brisent des couples, qui déchirent des familles au repas de Noël. Après “pain au chocolat vs chocolatine”, “ PSG vs OM”, le nouveau détonateur de débats endiablés porte sur la prononciation de l’acronyme “ZAN”. Alors, peut-être pas lors des repas de famille, mais en tout cas dans les cercles de l'urbanisme. Depuis la naissance de la loi, les parutions scientifiques se sont attachées à explorer ses motifs, sa faisabilité, son impact etc. Cette étude vise à contribuer à la littérature autour du sujet en apportant un éclairage supplémentaire issu du terrain. Nous pensons que la prononciation de l’acronyme reflète la capacité d’appropriation des personnes d’un objet législatif distant. Cette étude vise donc à répondre à deux questions : quel est le sexe de ZAN et comment prononcer son nom : "Zâne" ou "Zan" ? Notre enquête a montré un réel engouement pour ces questions essentielles : 353 personnes se sont prononcées. Le profil des répondants, en grande majorité des professionnels de la fabrique de la ville (87%), ancre la légitimité des résultats. Ce premier constat est en lui-même un enseignement : ce sujet fait bel et bien débat au sein de la vaste sphère de l’aménagement. Il mérite qu’on s’y attache. La faible part des personnes ayant répondu “je ne sais pas”, ou bien “j’ai pour principe de ne jamais en parler” (< 1,5%) renforce ce constat : les gens ne restent pas indifférents, ils se saisissent de cet enjeu (tout du moins sur le plan linguistique). Le deuxième enseignement de cette étude est sans appel : ZAN est un garçon. 86,4% des répondants partagent cet avis. Nous ne trouvons pas de corrélation significative entre cette assignation et le genre des répondants eux-mêmes (86% chez les femmes, 87% chez les hommes). Reste quand même une part féminine minoritaire, qui nous pousse à maintenir l'usage du "iel" non-genré. À l’inverse, les avis sont très partagés entre « zan » et « zâne », dans une égalité presque parfaite. Alors que notre hypothèse était que les réponses recouperaient des spécificités régionales (à l’image de la « chocolatine » du Sud-Ouest) nous ne relevons pas un tel clivage. Le masculin l’emporte partout, et prononcer « zan » ou « zâne » n’est pas en lien avec les disparités régionales, ni le genre de la personne interrogée. Ces conclusions invitent à poursuivre les recherches pour tenter de trouver les déterminants à ces écarts de prononciations. Quelques hypothèses à creuser : nombre d’enfants des répondants ? fonctionnaire ou professionnel privé ? Pointure de chaussure ? Nous tenons à remercier toutes celles et ceux qui ont répondu à notre sondage. À l’heure de la complexité, nous pouvons au moins trancher sur un point, et ainsi faciliter la communication entre acteurs. Cette étude contribue à fluidifier les échanges sur ce sujet si sensible.