Cette semaine, j’ai visité, aux côtés d’Arthur de Lassus 🥕, ce qui pourrait devenir la plus grande mine de lithium d’Europe : l’actuelle mine de kaolin d’Echassières dans l’Allier. Voici ce que j’en pense. La première chose à dire, c’est que vouloir extraire du lithium sur le territoire français est cohérent avec les préconisations du GIEC, qui identifie la voiture électrique comme une solution incontournable pour décarboner nos sociétés, mais aussi avec le développement d’une souveraineté européenne bien malmenée en ce qui concerne les métaux stratégiques. Un des arguments fréquemment utilisé par les opposants à ce projet est qu’il est probable qu’une bonne partie de ce lithium servira à produire des SUV électriques. Peut-être, et ça serait bien évidemment regrettable. Toujours est-il que le fléchage de la ressource n’est pas vraiment du ressort d’Imerys et devra faire l’objet de décisions politiques (espérons qu’elles viennent un jour…). Soyons clairs : extraire et raffiner des métaux est et restera une activité qui a des impacts environnementaux non négligeables. La consommation d’énergie (gaz notamment) et d’eau est significative, des arbres sont abattus, une quantité importante de roches sont excavées et finissent en déchet, des produits chimiques sont nécessaires pour le raffinage… Pour autant, l’impression que m’a donnée ce projet est que des efforts significatifs ont été faits pour limiter ces impacts : 👉 La mine sera sous-terraine et démarrera en-dessous de la nappe phréatique (à partir de -70m), directement dans le granit imperméable. Les risques d’assèchement ou de pollution sont donc (a priori – je n’ai pas les compétences pour challenger ce constat) limités. Il n’y aura pas non plus de grand trou à ciel ouvert autre que celui déjà présent pour l’extraction du kaolin. 👉 La majeure partie des déchets rocheux vont être remis dans les canaux de la mine, ce qui devrait limiter l’amoncellement en surface. 👉 90% de l’eau utilisée le sera en boucle fermée. La consommation (l’eau non restituée) sera elle de 1,2 millions de m3 par an, soit l’équivalent de 0,3% de l’eau utilisée pour la culture du maïs en France. 👉 L’empreinte carbone du lithium produit est annoncé 30% plus faible que la moyenne du marché, grâce à une flotte minière électrique et des acheminements par canalisations et par trains. Il n’y aura donc pas de défilé de camions pour transporter la matière. Chacun est libre de se faire son propre avis, à commencer par les riverains qui seront directement concernés. Mais, à moins qu’un loup énorme soit caché derrière ce projet (en sachant que le directeur du site qui nous a reçus ne m’a pas franchement donné l’impression d’être un escroc), je vois mal comment on pourrait radicalement s’opposer à ce projet tout en faisant du climat une priorité. PS : je précise que ce post n’est pas sponsorisé et que je n’ai rien à gagner en l’écrivant.
J’ai entendu que la réserve ne permettait d’équiper que deux années de production de véhicules électriques France . Vrai ou Faic ?
Alexis Treilhes Je ne peux pas répondre sur les autres points (par manque de compétences), mais il y a un point rapporté dans ce billet, qui est critiquable : « La majeure partie des déchets rocheux vont être remis dans les canaux de la mine, ce qui devrait limiter l’amoncellement en surface. » Sans être mensonger, ce n'est pas tout à fait honnête. L'extraction minière va consister à pulvériser la roche extraite du sous-sol. Vues les concentrations de lithium en jeu, la masse de déchets rocheux sera quasiment la même que celle des roches extraites. Sauf que… on transforme de la roche compacte par de la poudre de roches. Et la densité de la poudre de roche est bien plus faible que celle de la roche extraite. Les produits rocheux à remettre dans le trou seront donc bien plus volumineux que les produits rocheux extraits du trou. Inutile de faire un dessin: on sera loin de pouvoir tout y remettre. En pratique, l'expérience montre qu'on n'arrive à remettre qu'entre 1/3 et 1/2 du volume de roches extraites (pour le même nombre de kg : cela ne compte pas les autres déchets, en particulier les boues qui contiennent les produits chimiques utilisés pour séparer le minerai métallique des roches qui le contiennent). Le reste reste en surface.
Merci Alexis Treilhes pour ce post très informatif ! Un point qui n'est pas clair pour moi : les capacités de raffinage seront-elles également en France, ou faudra-t-il exporter du minerai dégrossi pour qu'il soit transformé en lithium "batterie-ready" ?
Le vrai problème n est pas la mine et son activité (un peu quand même !l Mais la finalité d usage de ce lithium pour décarbonner une économie, souhaitant toujours croître ... à mon avis, il faut se poser la bonne question : pourquoi et pour faire quoi?
Merci pour les infos. Pas compris par contre quel est le probleme avec les SUV ?
Bon travail Alexis Treilhes , Y a t il un label minier qui pourrait confirmer le bon respect des règles environnementales ?
Une question: que devient l´eau non restituée ? Comment peut elle disparaître ? Merci
Intéressant ! Je serais curieuse également de connaitre l'analyse qu'en a Aurore STEPHANT
Concernant l'argument "fréquemment utilisé par les opposants à ce projet [...] qu’il est probable qu’une bonne partie de ce lithium servira à produire des SUV électriques.", on peut retourner l'argument dans l'autre sens. Prendre la mesure de l'impact sur notre propre environnement nous donnera une (minuscule) opportunité de saisir ce que le reste du monde subit pour alimenter le besoin de consommation des pays dits développés.
🍃 Responsable partenariats & écosystème chez 2tonnes - Agir ensemble face aux crises | Ecoféministe 💜 | What kind of world do you want to live in ? 🌱
10 moisUn commentaire qui n'a rien à voir, mais on dirait des frères, comme vous vous ressemblez 😂