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Du lobbying à la FNSEA : les portes tournantes de l’agrochimie continuent de tourner. Contexte nous apprenait hier une information révélatrice car symptomatique : l'ex-directrice générale de l’UIPP (le lobby des pesticides, rebaptisé récemment Phyteis) et ancienne responsable des affaires publiques chez Bayer (Monsanto), vient d’être nommée conseillère spéciale auprès du président de l’ AGPB - Les Nouveaux Céréaliers – l’association des producteurs de blé, branche spécialisée de la FNSEA. Ce type de trajectoire, qui fait passer sans transition de la représentation des intérêts industriels à la stratégie d’un syndicat professionnel est éminemment problématique. La science politique parle dans ce cas d’entre-soi sectoriel – une notion forgée par Hugh Heclo pour désigner ces espaces où les représentants d’intérêts privés et les structures professionnelles et syndicales co-construisent les orientations d’un secteur. Il ne s’agit pas ici de conflits d’intérêts au sens juridique, mais d’une circulation des profils, des idées et des références qui produit un effet de verrouillage. Les conséquences sont concrètes. Cette proximité structurelle entre agrochimie et syndicats agricoles rend particulièrement difficile la remise en cause du modèle productiviste agricole actuel. Elle contribue à retarder les interdictions, à orienter les politiques publiques et à marginaliser les alternatives. Pendant ce temps, les expositions se poursuivent : pour les agriculteurs, pour les riverains, pour les sols et la biodiversité. Ce que révèle cette nomination, c’est la résilience d’un système qui continue de se reproduire, malgré les alertes scientifiques et sanitaires. Il ne s’agit pas de dénoncer des individus - d'ailleurs je n'ai pas épinglé la personne mentionnée - mais de poser une question essentielle, car structurelle : la transition agro-écologique est elle possible si les architectes du système actuel en contrôlent encore les clés ? Tant que ces liaisons dangereuses existeront, la réponse est non.