Notre proposition non retenue ❤️
MUSÉE du CAMP DE PRISONNIERS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE, Foucarville :
« Je vous écris cette lettre depuis notre pays français. Je n’entends sous le ciel ni obus, ni avion, rien ne semble venir menacer, nous vivons je crois des jours encore paisibles à l’abri du malheur des combats. Le désordre du monde cependant nous interroge et nous inquiète. L’histoire fait des cercles, marchant sur elle-même, suivant une logique de répétition.
Il a existé dans la violence de cette guerre, une enclave symbolique, un camp abritant des prisonniers allemands sous le regard de W. J Kennedy, lieutenant-colonel et gardien de l’humanité au cœur de l’inhumanité.
Ici vivaient sous commandement américain, des prisonniers allemands. Un « village » qui s’effacera à la fin du conflit.
Mais ce camp est particulier. Kennedy a fait vœu de rédemption pour ces captifs. Il croyait en la conversion des esprits créant théâtre, église, stade, ateliers, certain que ces esprits pouvaient s’élever.
Le camp disparait. Seule la nature reste, socle de ce que l’on ne désire plus voir mais qui demeure, mémoire invisible, entêtante.
L’héritière de Kennedy possède cette trace : objets, dessins, œuvres narratives et pastel qui décrivent le camp, la nature, dont la représentation poétique contraste avec la condition des captifs. Comme si elle sublimait la souffrance.
La nature devient l’abri, sa copie l’évasion.
Et si l’histoire avait besoin de lumière ? Et si notre devoir était celui de la concorde, du pardon ? Et si nous devions exhumer ce que l’on a rayé, gommé, arraché ?
C’est ainsi que nous avons pensé ce musée, de façon basse, sans surgir mais en épousant le terre pour la guérir et ne jamais céder aux forces de l’amnésie, incluant les matériaux originels témoins.
Il s’agit d’un inconscient collectif dévoilé et d’une perspective des liens de l’Europe et ses alliés, musée-hommage à Kennedy qui a deviné combien la création pouvait transformer celui qui était prisonnier de sa terreur.
Il a existé au creux du camp, tel un miracle, une sculpture de bois que nous avons identifiée.
Objet-totem, elle est l’œuvre d’un prisonnier allemand et l’illustration de l’esprit de Kennedy qui offrira à cent milles hommes la possibilité de créer et de s’extraire de leur condition.
Statue emblème, elle représente le corps d’une femme brandissant une sphère, allégorie des nations réconciliées. Elle sera phare, incarnation de la douceur, de la féminité dans un lieu qui en aura tant manquée. Posée sur son socle, le musée, reproduite à l’identique, elle marque notre parti pris pour l’incroyable leçon d’éducation, d’ouverture dont aura fait preuve Kennedy.
Ici est un hommage à la mémoire en tant qu’arme douceur contre la dangereuse répétition.
Ici est un hommage à l’Art par l’œuvre orientée vers l’horizon, telle une nouvelle statue de la liberté en désir de paix »
Nina Bouraoui
AMELIA TAVELLA
PAYSARCHITECTURES
Maciej Fiszer
ailleurs.studio